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Frédéric DUSART (Villeneuve d’Ascq) : « J’ai dû faire des choix »

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Le technicien nordiste a pris la pleine mesure de ce titre national © Thibaut LASSER

 

Quelques jours après avoir contribué à ce que son équipe remporte le premier titre en LFB de son Histoire, Frédéric DUSART, le coach de l’ESBVA-LM a accepté de répondre à nos questions. Nous le remercions chaleureusement.

 

Il y a un peu moins d’une semaine, ton équipe remportait le premier titre LFB de son Histoire. Tu es toujours sur un nuage ou le soufflé est retombé ?

Je n’ai pas réagi comme en Eurocoupe. J’ai pris un peu recul, je l’ai un peu plus célébré dans les 2 heures qui ont suivi. Mais c’est vrai qu’on redescend vite de son nuage parce qu’on a déjà des appels pour des matches amicaux la saison prochaine. Pour ma part, j’ai encore cours (Frédéric DUSART est encore professeur d’Education Physique et Sportive, ndlr) et quand on a des enfants, on retourne vite au quotidien. D’un autre côté, je reçois toujours des messages de félicitations ou je croise des gens qui sont contents pour nous, ça fait plaisir mais dans quelques mois on n’en parlera plus !

 

Toi qui es originaire de Valenciennes et as donc vécu les grandes heures de l’USVO. On imagine que cette victoire a une saveur très particulière pour toi…

Oui, forcément ! D’ailleurs, dans la salle lors des deux matches à domicile, il y avait Abdel BELLOUNI (avant d’entraîné Aulnoye, ce dernier a été en charge de la formation à l’USVO, ndlr), avec qui j’ai travaillé pendant 5 ans à Valenciennes. Une heure et demie avant le match de vendredi, j’ai reçu un super SMS de Jackie MOREAU (ancien assistant de Laurent BUFFARD à l’USVO, ndlr) qui me demandait de ramener le trophée dans le Nord. Un des premiers titres que j’ai connus, c’était face à Challes dans la salle du Hainaut avec Cathy CLEZARDIN, Alisha JONES et Jennifer AZZI quand j’avais 14 ans ! Mais depuis l’âge de 12-13 ans, je suivais l’USVO, j’étais un fan de Jennifer AZZI, je ne ratais aucun match.

C’est vrai que, pour moi qui ai vécu ça, un peu plus tard quand je suis rentré dans le staff du centre de formation, c’est une très grande fierté. Il y a aussi des anciens supporters de l’USVO qui sont maintenant à Villeneuve d’Ascq et qui m’ont remercié aussi. C’est un peu une renaissance pour cette région.

 

Tout n’a pas toujours été rose pour vous cette saison. D’après toi, qu’est-ce qui a fait votre force ?

Ce qui a fait notre, je pense que, paradoxalement, c’est notre mauvais début de saison. De la même manière, ce qui a fait la force de Bourges, ce sont leurs défaites du milieu de saison. Nos parcours n’ont pas été similaires mais ce qui a fait notre force, c’est qu’on a vécu de choses difficiles qu’à un moment donné, on s’est dit « autant bien finir la saison, sachant qu’il y a très peu de chances qu’on gagne un titre en restant dans cet état d’esprit-là. Autant se faire plaisir ! ». Dès lors, les sourires sont revenus. Pour ma part, c’est le sentiment de ne plus rien avoir à perdre qui m’a rendu hyper confiant pour la suite. Dans ces cas-là, on se dit qu’on a connu tellement de galères qu’on peut éventuellement finir par un titre.

Le fait d’avoir des playoffs à 8, ça a aussi évité des crises plus graves, selon moi. Car, même quand on était septièmes, on ne s’est jamais dit qu’on allait jouer les play-down. On a flirté un peu avec cette barrière pendant un ou deux journées. Ensuite, on avait à coeur d’avoir au maximum l’avantage du terrain pour les quarts de finale des playoffs et on l’a eu. Mais en décembre ou janvier, si on m’avait dit qu’on finirait dans le Top 4 et qu’on serait champions et même qu’on terminerait troisièmes, je n’aurais pas parié. Ce qui a fait notre force aussi, c’est qu’avec les filles, on s’est dit les choses. Par rapport à certaines joueuses, j’ai dû faire des choix alors que ce n’est pas dans ma nature. C’était difficile humainement parce que ce sont des filles que j’apprécie mais c’était nécessaire et passager. On a mieux communiqué en deuxième partie de saison, j’ai senti un groupe qui voulait aller chercher le titre aux alentours de février-mars alors que, trois mois avant, elles parlaient juste de faire les playoffs.

Le seul regret que je pourrais avoir, c’est peut-être de ne pas avoir été assez clair sur la hiérarchie, d’avoir tâtonné, de ne pas avoir eu assez tôt le discours discours et les actes de la deuxième partie de saison. J’ai toujours dit que j’étais un des « responsables » du mauvais début de saison mais je n’ai jamais lâché. Quand on se sent responsable d’un mauvais début de saison, on se dit « c’est de ma faute » et on lâche, ou alors on répare ses erreurs et pour ma part, j’ai persévéré. Certaines joueuses ont été en difficulté, il a fallu aller les chercher !

Ce qui nous a permis de garder espoir, c’était notre campagne d’Euroligue. A un moment donné, on s’est dit que c’était vraiment incroyable d’être dans le Top 4 de notre groupe mais pas dans celui du championnat de France. Quand on fait un ou deux bons matches en Euroligue, on se dit qu’on est en surrégime mais là, on a été troisièmes de notre poule. Peut-être qu’en championnat, on a eu un relâchement, je ne sais pas ou on se disait qu’on avait le temps avec les playoffs à 8 et qu’une défaite n’était pas grave alors qu’en Euroligue, il fallait être régulier.

 

Ensuite, vous avez été reversés en Eurocoupe et là, vous êtes retombés contre l’Université Yakin Dogu (qui vient de faire le triplé coupe-championnat-Eurocoupe), en quarts de finale. Est-ce que tu estimes que la marche était trop haute ou il y avait de la place pour passer ?

Non, la marche n’était pas trop haute. C’est vraiment l’équipe que je voulais éviter parce que quand on regarde l’effectif, c’est impressionnant ! Au delà de ça, quand on voit qu’on mène quasiment tout le match à l’aller et on perd d’un point et qu’au retour, au milieu du troisième quart-temps, on est devant et on est qualifiés c’est rageant. En face, c’étaient des joueuses exceptionnelles.

Je pense qu’il y avait la place pour passer si on avait gagné le match aller ou si on recevait au retour. Mais on est tombé sur cette équipe qui vient de faire le triplé et qui ne sera pas loin de gagner l’Euroligue l’année prochaine. Mon seul regret, c’est de les avoir rencontrées aussi tôt et sans l’avantage du terrain. D’ailleurs, leur coach avait dit que c’était une finale avant l’heure parce qu’on leur a posé des soucis.

 

Même si le titre est donc encore tout frais, on imagine que tu vas vite te tourner vers la saison prochaine. Peux-tu nous présenter le recrutement ?

Je vais commencer par Laëtitia KAMBA, qui reviendra uniquement pour jouer sur le secteur intérieur, ç’a été convenu avec elle. On se connait très bien et on était réciproquement frustrés de la façon dont ça s’était terminé en fin de saison dernière. Elle a fait partie de la « remontée du club » avec Johanne (GOMIS, ndlr) et Virginie (BREMONT, ndlr), entre autres, parce qu’elle était arrivée à un moment où on n’était pas forcément dans de bonnes conditions. C’est une fille avec un très bon état d’esprit. Elle avait accepté le challenge alors qu’on n’était pas forcément dans les mêmes positions qu’aujourd’hui. Je pense qu’elle a vécu une saison compliquée à Nice d’un point de vue collectif mais au niveau individuel, ça lui a vraiment fait du bien. J’espère qu’elle va revenir dans les mêmes dispositions.

Pauline AKONGA est une joueuse qui, en termes de régularité, est assez impressionnante depuis 4 ans. On voulait une intérieure athlétique. Plutôt que de prendre une Américaine dont je ne connaissais pas l’état d’esprit et avec qui il y aurait peut-être eu la barrière de la langue, ça aurait été compliqué alors que là, j’ai voulu prendre une valeur sûre de la Ligue Féminine. Elle a déjà joué la coupe d’Europe et, en l’occurrence, l’Euroligue. C’est une battante, elle est polyvalente. On a fait le choix de ne pas avoir d’intérieure de grande taille pour jouer davantage sur la mobilité. Elle peut jouer avec Mame (Mame-Marie SY-DIOP, ndlr), Marielle (AMANT, ndlr) ou avec Laëtitia (KAMBA, ndlr) donc c’est super. Quand on a vu qu’elle était libre, on ne s’est pas longtemps posé la question parce que ça faisait longtemps qu’on s’intéressait à elle et maintenant c’est fait. On espère qu’elle nous amènera sa hargne, son talent et son expérience.

Johannah LEEDHAM, c’est une belle surprise de pouvoir l’avoir à Villeneuve d’Ascq parce qu’on pensait tous qu’elle allait rester à Bourges. Ca s’est fait en deux temps. Au départ, c’était financièrement impossible, son agent avait proposé un tarif beaucoup trop élevé pour nous donc, dans un premier temps, on avait abandonné cette piste. Et un mois et demi après, c’est elle-même qui m’a recontacté pour me dire que Bourges ne la conservait pas et ça en disait long sur ses motivations. Il est clair qu’elle correspond parfaitement au profil de Guerrière qu’on cherchait, notamment avec son expérience de l’Euroligue. On est très contents de l’avoir chez nous.

Nevena JOVANOVIC, on ne l’a pas découvert à Basket Landes mais à Pécs en Eurocoupe il y a 2 ans. Elle nous avait fait très mal. Entre temps, elle est partie à l’Université Yakin Dogu mais quand j’ai vu qu’elle venait à Basket Landes et comment elle s’intégrait, ça m’a tout de suite plu. C’est une shooteuse très complète. On a eu des échos très positifs, que ce soit par Basket Landes ou par Ljuba (Ljubica DRLJACA, son assistante à l’ESBVA-LM, ndlr), qui est Serbe aussi, sur sa capacité de travail et sur son comportement. Ca s’est fait assez rapidement. Il y avait plusieurs clubs dessus mais elle a accepté de signer alors qu’à l’époque, on n’était pas sûrs de jouer l’Euroligue. Elle est de plus en plus expérimentée et a un profil combatif qu’on recherchait.

Avec Réjane VERIN, ça s’est fait assez tôt parce qu’on savait déjà qu’on allait avoir une légère baisse de budget. Il nous fallait des joueuses françaises, c’est Karim SOUCHU (le conseiller sportif de Frédéric DUSART à l’ESBVA-LM, ndlr) qui m’en a parlé, parce que je dois reconnaître que je ne la connaissais pas du tout. On a vu quelques matches où elle a joué avec la SIG et notamment celui contre La Roche où elle a marqué 18 points. Là-bas, elle évoluait au poste 4 parce qu’il y avait des joueuses blessées mais nous, on veut la faire jouer au poste 3. Elle vient de découvrir la Ligue 2 et maintenant, ça va être la Ligue Féminine et même l’Euroligue, elle sera donc vite dans le grand bain. J’ai senti une fille déterminée à apprendre ce que c’était que la LFB, à progresser. C’est une nouvelle expérience mais dans son discours, j’ai aucun doute quant au fait qu’elle va tout donner pour montrer qu’elle a le niveau de la LFB.

 

Chez nos confrères de La Voix du Nord, le Président Carmelo SCARNA a parlé d’une baisse du budget. Malgré cela, est-ce que les ambitions seront les mêmes que lors du précédent exercice ?

Ce n’est pas forcément très lié. C’est clair qu’on aura une légère baisse de budget et que la masse salariale va diminuer. Je le sais depuis assez longtemps. C’est aussi pour ça qu’on fait un pari avec Réjane VERIN. Il est clair qu’avec la baisse de la masse salariale et l’augmentation de celles qu’on garde, il y aura forcément moins d’argent. On n’a pas pu garder par exemple une fille comme Alina IAGUPOVA. Mais pour moi, l’équipe de la saison prochaine sera compétitive. Il est bien évidemment trop tôt pour dire qu’on sera à nouveau champions de France, ça serait prétentieux ! Sur mes 5 ans à Villeneuve d’Ascq, il n’y a qu’une année où je n’ai pas changé 60% ou plus de l’effectif, c’était quand Ann WAUTERS, Katarina RISTIC et Lorraine LOKOKA sont parties.

Je n’ai pas trop envie de lier le budget à une ambition parce que l’ambition, ça vient au fur et à mesure mais il est clair que là, le gros du chantier sera de reconstruire un collectif. Au delà du budget, c’est surtout le travail qui va faire gagner des titres !

 

Tu viens de prolonger ton contrat jusqu’en 2020. Est-ce que ça veut dire que, comme à Charleville-Mézières, le but est de bâtir un projet sur plusieurs saisons ou prendre chaque saison à la fois ?

Le but est forcément de pouvoir gagner encore au moins un titre sur ces 3 années. On savait que c’était une saison importante pour nous de par cette baisse de budget à venir. Je n’aime pas cette expression mais on entendait beaucoup que c’était l’année ou jamais. Désormais, il y a Lyon qui, d’ici 3 ans va, je pense, devenir très gros. Bourges va forcément gagner un titre, Montpellier va encore être compétitif. Charleville sera, pour moi, LA plus grosse équipe la saison prochaine parce qu’en plus d’avoir gardé l’effectif, il y aura 9 joueuses professionnelles. Et à Basket Landes, l’objectif sera de garder une certaine stabilité.

Ca va donc être de plus en plus compliqué et aléatoire d’être dans le Top 4. Je pense que c’est difficile de se projeter parce qu’il y a une montée en puissance certains clubs qui fait que le gâteau sera partagé en plusieurs parts et je suis incapable de dire qui aura la plus grosse part. Ca va se jouer aux blessures, au travail, à l’alchimie. On sait que ça va être dur de faire mieux que cette saison. L’objectif sera donc de faire de notre mieux en Euroligue, de pérenniser notre situation en Euroligue ou, si on est reversés, d’aller le plus loin possible en Eurocoupe. Il faudra aussi atteindre les playoffs du championnat dans les meilleures conditions. Ce que j’aimerais bien, ça serait de gagner une coupe de France. Si d’ici ces 3 années, on peut la gagner, on ne va pas s’en priver mais il y a beaucoup d’adversaires qui vont courir derrière cet objectif. 

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