K. B. SHARP (Tarbes) : « J’attends la plus merveilleuse chose au monde ! »

La meneuse franco-américaine, ici aux côtés de sa désormais ex-capitaine, s’apprête à vivre une nouvelle vie © Jérémy IMBERT

Il y a quelques semaines, alors qu’elle avait signé à Mondeville, son club de coeur, pour y revenir la saison prochaine, K. B. SHARP a finalement dû mettre fin à sa belle et longue carrière. Mais rassurez-vous : si la meneuse franco-américaine, qui vient de fêter ses 40 ans il y a quelques jours, a pris cette décision, ce n’est pas pour une mauvaise raison, bien au contraire. Et même si elle en a déjà parlé en milieu de semaine sur ses réseaux sociaux personnels, elle nous fait aujourd’hui l’honneur de nous en dire davantage. Mais avant cela, revivez ce qui fut le son dernier match en tant que basketteuse professionnelle, sous les couleurs tarbaises :

Tu viens de mettre un terme à ta carrière. Pourquoi avoir fait ce choix ?

Le choix a été très facile, j’attends la plus merveilleuse chose au monde !

C’est donc pour une excellente raison que tu as décidé d’arrêter ta longue carrière de basketteuse professionnelle. Au moment de répondre à nos questions, quand tu regardes en arrière, quels sont tes meilleurs souvenirs ?

C’est vraiment une excellente raison ! Je n’aime pas revenir sur ma parole ou surtout quand je signe un contrat, mais cette raison est la seule que je peux accepter. Après une si longue carrière, j’en ai beaucoup, des bons souvenirs !  Le titre de Championnes de France et les 2 Coupe De France avec Bourges, forcement car c’était mes premiers titres, et c’était un honneur pour moi de jouer avec ce club qui est le meilleur en France. Cette saison avec Tarbes restera un de mes meilleurs souvenirs car c’était ma dernière, et puis parce qu’on est revenus de très loin pour se qualifier pour les play-offs et peut-être une place en Coupe d’Europe pour le club.  Quand tu dois te battre avec un groupe soudé toute la saison pour arriver à une telle fin, cela crée beaucoup d’émotions forts que je ne suis pas près d’oublier.  Et puis et surtout ma dernière saison à Mondeville avant de partir à Bourges car c’était une saison vraiment extraordinaire sur le plan basket mais aussi humainement.  On a fini 5^ème cette saison-là alors que tout le monde nous avait choisi pour finir en bas de tableau !  On jouait tellement bien que tout le monde a pu prendre beaucoup de plaisir, ce qui a fait que tout le monde était au top de sa forme.  C’était vraiment agréable physiquement et mentalement.

En 2003, au moment de quitter l’Université de Cincinnati où elle a été formée, est-ce que la jeune Kristen Brooke s’imaginait faire sa vie à l’autre bout de l’Atlantique avec un si beau parcours ?

Alors pas du tout ! La jeune K.B. espérait faire une carrière de basketteuse pro, mais ignorait jusqu’à quel point celle-ci allait être enrichissante !  Ce que j’ai vécu surpasse largement les idées que faisait de ma carrière au début.  Notamment j’ai pu réaliser mon rêve de jouer en basket pro, mais j’ai pu aussi voir le monde à travers le basket, et surtout rencontrer des personnes en or !  Puis, je n’aurais jamais imaginé que je pouvais devenir Française et tomber amoureuse de ce pays !

Toi qui es dans le basket français depuis un certain nombre d’années, en quoi a-t-il évolué depuis ton arrivée ?

La Ligue a tellement évolué depuis mon arrivé en 2006 ! Je trouve qu’il y avait plus d’écart entre les équipes dans le haut du classement et les équipes dans le bas du classement. Aujourd’hui et depuis plusieurs années, je trouve que chaque match est vraiment intéressant, et même s’il y a des grosses équipes, il n’y a pas de match facile.  Cette année était telle qu’en deuxième partie de la saison, on a vu des équipes du bas de tableau qui battaient des grosses équipes.  Je trouve que la fin de cette saison était top avec des enjeux pour toutes les équipes.  Je pense que c’est vraiment un championnat très plaisant car tous les matches sont difficiles !

Quels sont les joueuses et les coaches qui t’ont le plus marqué ?

Tout le monde m’a vraiment marqué et je ne dis pas cela juste pour faire plaisir ! J’en ai tellement vu des grands coachs et des grandes joueuses que c’est dur d’en choisir que quelques-uns !  Il faut dire que Céline DUMERC m’a vraiment impressionnée dès mon arrivée en France.  On a fait deux matches amicaux tout de suite avec Aix-en-Provence à Blois contre Bourges.  Elle n’avait pas joué le premier match car elle venait de rentrer de l’équipe de France, mais elle était là le deuxième match.  Je me souviens que j’ai fait un bon match, et tout le monde a été content. Mais au fond de moi, je savais que j’avais un peu de « beginner’s luck » (la chance du débutant, ndlr).  J’ai trouvé très difficile de jouer contre elle.  Je la trouvais très physique, et très intelligente dans sa façon de jouer et gérer son équipe, ce qu’elle fait toujours aujourd’hui, d’ailleurs.  Puis, j’ai eu la chance de la côtoyer quand j’ai fait ma sélection en équipe de France et j’ai pu voir comment elle travaille au quotidien.  Je m’en souviens que lorsqu’on faisait de la PMA (les sprints, ndlr), elle commençait derrière tout le monde pour finir devant tout le monde !  C’était vraiment impressionnant !  Et puis c’est vraiment une véritable leader qui gère son équipe à merveille !  Entre nous deux, s’il y en a bien une qui doit prendre sa retraite c’est moi car je pense qu’elle peut encore jouer 10 ans si elle voulait !  Une autre joueuse qui m’a vraiment marqué c’est Marine JOHANNES.  J’ai eu vraiment de la chance de la voir grandir en tant que femme et joueuse.  Je l’ai rencontrée quand elle avait 15 ans et jouait en cadettes à Mondeville.  Tout le monde m’avait parlé d’elle mais je n’ai pas eu beaucoup de chances de la voir avant la fin de la saison quand elles ont joué pour le titre de championnes de France contre Basket Landes.  Elle est venue du banc, et sa première action en rentrant sur le parquet, c’était de crosser une fille et aller au lay-up.  Je sais que c’est une action qui arrive assez souvent dans le basket, mais juste en la voyant faire cela, je savais que ça allait être une très grosse joueuse.  Puis, j’ai eu la chance de jouer avec elle pendant 4 ans, 2 à Mondeville et 2 à Bourges.  Quand tu joues avec une fille comme elle, le basket devient tellement plus simple !  Une autre joueuse qui m’a marqué c’est ma fille, Lisa BERKANI.  Je suis toujours impressionnée de voir ce qu’elle est capable de faire avec un ballon.  Elle est tellement créative et instinctive qu’il n’y a pas beaucoup de choses qu’elle ne peut pas faire.  Je trouve que cette saison, elle a vraiment passé un cap, et j’ai hâte de voir ce qu’elle fera de sa carrière.  J’admire aussi ces trois filles car elles restent humbles.

Même si c’est pour la bonne cause que tu arrêtes, on imagine que tu ressens une certaine frustration de ne pas avoir terminé comme tu l’aurais espéré, non ?

Je n’ai pas été frustrée du tout de ne pas pouvoir finir comme je voulais en jouant à Mondeville, car c’est vraiment la plus belle chose qui puisse m’arriver, j’étais juste déçue pour Mondeville car ça fait depuis que je sois partie qu’ils veulent que je revienne, et puis quand c’est enfin le moment, je tombe enceinte ! Puis, j’aurais trop aimé revoir tout le monde là-bas pour leur dire combien ils m’avaient manqué et puis pour les voir pour ma dernière danse.  Mais je vis très bien la façon dont ma carrière s’est terminée, je pense qu’il n’y a rien de mieux !

Comment vois-tu la suite ? Est-ce qu’elle se fera loin du monde de la balle orange ou pas ?

Je vois la suite de ma vie en étant toujours proche du ballon orange car ce sport était vraiment mon premier amour et les premiers amours, on ne les oublie jamais.  Pour le futur immédiat, je vais me concentrer sur ma vie de famille, sur mes proches, mes animaux, et sur le vélo !  Après, je ne sais pas encore ce que je vais faire comme boulot, mais quoi que je fasse, je serai épanouie car je saurai que j’ai un petit bout de chou à la maison qui m’attend ! 

Est-ce qu’il y a des personnes à qui tu souhaiterais faire passer un message ?

Pour le message, je souhaite dire aux joueuses avec qui j’ai joué, les dirigeants des clubs dans lesquels j’ai joué, et toutes les personnes que j’ai rencontrées au fil des années qui sont devenues mes amis, un très grand MERCI d’être dans ma vie.  Le plus grand plaisir que j’ai eu en étant basketteuse pro, c’est d’avoir rencontré tellement de gens incroyables !  Et puis bien sûr je veux dire…vive la France !!!

Merci à toi K. B. et félicitations pour cet heureux événement ! Pour le reste, affaire à suivre…