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Dessislava ANGUELOVA (Mondeville) : « Défendre cette cause pour le futur de la formation française »

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Dessislava ANGUELOVA (à droite, en avant-dernière position) et ses joueuses sont dans l’incertitude mais confiantes © FFBB

 

L’été a été mouvementé dans le Calvados ! Après une saison pour ainsi dire blanche car les championnats amateurs et espoirs ont été arrêtés en octobre compte tenu de la situation sanitaire, le club de Mondeville a appris récemment que son centre de formation ne bénéficierait plus de l’agrément qui lui permettait de continuer à voir grandir bon nombre de ces jeunes pousses. Mais surtout, son équipe espoir était rétrogradée de NF2 à NF3. Sa responsable, Dessislava ANGUELOVA, qui a vu passer un bon nombre de jeunes talents de nos championnats ces dernières années (la réputation de l’USOM en matière de formation n’est plus à faire !), a gentiment accepté de répondre à nos questions. Nous l’en remercions très chaleureusement.

 

 

Dessislava, il y a quelques semaines, le club de Mondeville a appris que son centre de formation perdait son label et que son équipe espoir était donc reléguée de NF2 à NF3. Peux-tu nous résumer la situation ?

Je vais d’abord rappeler qu’il y a 2 ans, l’équipe première était descendue de LFB à Ligue 2. A ce moment-là, la Fédération Française nous a donnés exceptionnellement 2 ans de reconduction d’agrément et non pas 1 an, ça s’appelle d’ailleurs « Règle Mondeville ». Et pour la petite anecdote, ce dispositif-là a pu être bénéfique à tous les centres de formation de France, tous sports confondus. C’était une première ! Je veux vraiment rappeler le fait que dans les 2 ans de cette dérogation, il y a eu un an qui a été une saison blanche donc sans compétition avec aucune montée ni aucune descente.

Pour nous, en toute logique, il devait y avoir un glissement vers la NF1 mais on n’a pas pu monter. Pour autant, on était très confiants, on n’avait absolument pas peur. En février, on a eu une visite du centre de formation pour reconduire l’agrément. Mais c’est à ce moment-là qu’on a commencé à se rendre compte que les choses ne se passaient pas comme on l’avait imaginé. Fin mars-début avril, la Fédération a commencé par demander aux équipes premières de déposer les dossiers pour les montées. A cette époque-là, je me suis dit « ça y est, on va nous demander de monter en Nationale 1 ». On a donc demandé à la Fédération si on pouvait monter un dossier, la réponse était évidemment « non ». Et c’est là qu’ils m’ont dit que, logiquement, notre équipe va être rétrogradée en Nationale 3. On a tout de même refait la demande et on a reçu un courrier officiel disant qu’étant donné que notre agrément ne serait pas reconduit, notre demande pour rester en NF2 était refusée et on se retrouvait donc en NF3. Au même moment, il y avait plein d’équipes qui montaient en Nationale 2. Et je rappelle aussi que quand une équipe est rétrogradée en Nationale 3, c’est pour libérer une place pour un centre de formation. Et dans notre cas, le centre de formation qui montait, Angers, était déjà en NF2. Ca voulait donc dire que, premièrement, on ne prenait la place de personne. Ensuite, on était premières de notre poule. On a demandé un ranking national, on nous a répondu qu’on n’en faisait pas partie parce qu’on est un centre de formation. Par contre, ensuite, on est devenus une équipe fédérale.

Cette décision me parait totalement injuste parce que maintenant, on part de tout ça et on a vu au moins 10 équipes monter en Nationale 2. J’ai suivi ça dans les dossiers qui étaient proposés. Par rapport à cette décision officielle de nous rétrograder en Nationale 3, c’est un dossier absolument à part de l’agrément et pour lequel on a déposé un recours. Deux semaines plus tard, on a reçu la lettre officielle disant que l’agrément n’était pas reconduit pour une seule raison : l’équipe première n’est pas remontée en Ligue Féminine. Et je le rappelle encore une fois que là encore, on nous a donnés plusieurs arguments. Le premier ne tient pas la route puisque c’est la saison blanche alors que pour nous, il devait y avoir un glissement pour un an. On a beaucoup cherché à savoir comment ça se passe. Une autre chose qui m’a énormément interpellée, c’est le fait que l’an dernier, dans les centres de formation de football, tous les agréments ont été reconduits automatiquement pour un an grâce à un décret du Premier Ministre, Monsieur Jean CASTEX. Ca veut donc dire qu’entre le basket, le foot, etc., ce n’est pas la même histoire.

 

Existe-t-il encore des recours pour inverser la décision de la FFBB ?

Il y a donc deux dossiers distincts. Le premier a pour but de demander à rester en Nationale 2. Il y avait alors une demande de recours suite à cette annonce officielle. Le dossier est déjà parti auprès du CNOSF pour obtenir une réconciliation entre les deux parties. Si on n’arrive pas à l’obtenir, on va devoir se tourner vers le tribunal administratif et ce dossier-là est en cours de traitement. Pour l’agrément, la base est un peu différente. La décision finale avait été prise par la Rectrice de l’Académie régionale sous tutelle du Préfet de Région sur les avis de la Fédération et de la Direction régionale de la Jeunesse et des Sports et de la Ligue régionale de basketball. Une fois qu’on a reçu officiellement la décision, il existait une procédure de recours auprès de la même Rectrice de l’Académie et c’est aussi en cours.

Une autre chose m’interpelle… Maintenant que les procédures de recours sont lancées et que la décision finale n’est pas officielle, et qu’on pense qu’on va devoir jouer en NF3, ça me parait un peu prématuré. On est assez confiants pour ces 2 dossiers car, comme je l’ai dit tout à l’heure, on a plein d’arguments juridiques en notre faveur sur le dossier d’agrément, mais aussi beaucoup d’incompréhensions sur le deuxième dossier avec, là encore, beaucoup d’arguments, pas forcément juridiques mais qui tiennent la route. Pour nous, ces dossiers-là sont largement recevables et on attend une réponse positive par rapport à ces recours.

 

Ces derniers jours, vous avez eu l’idée d’organiser virtuellement un Match pour l’Egalité. Peux-tu nous en dire davantage sur cette initiative ?

C’est une initiative à laquelle je pense depuis un bon moment après avoir échangé avec des collègues sur la situation. L’année dernière, j’ai été très surprise par la gestion des secteurs féminin et masculin, surtout chez les jeunes. Pour rappel, l’an dernier, le championnat s’est arrêté au mois d’octobre pour les championnats amateurs, y compris pour les centres de formation. Et en même temps, on a vu les gars des centres de formation jouer leur championnat espoir tout au long de l’année, jouer le Trophée du Futur et couronner le champion des centres de formation. Je n’ai donc jamais compris pourquoi nous, on n’a pas pu jouer et pourquoi ils font une différence entre les filles et les gars. Ce qui me tue encore davantage, même si les gens vont dire « oui, mais elle est concernée », c’est qu’aujourd’hui, un jeune basketteur pourrait faire partie d’un centre de formation agréé avec son équipe première qui est en Jeep Elite ou en Pro B. Ca veut donc dire qu’en Jeep Elite ou en Pro B, les équipes ont le droit d’avoir un centre de formation alors que chez les filles, ça n’existe qu’en Ligue Féminine.

Je ne vois pas pourquoi les garçons peuvent bénéficier d’un dispositif beaucoup plus large que celui des filles. De là nous est venus une idée. Nous passons en effet par une crise sanitaire exceptionnelle qui a totalement changé notre vie. D’ici quelques années, on verra les conséquences de cette crise liée au COVID-19 au niveau des jeunes sportifs qui n’auront pratiquement pas fait de sport pendant 2 ans, sans compétition. On s’est donc dit que c’était le moment de faire changer les choses. On ne peut pas se fier aux textes car ils ont été faits il y a 10 ou 15 ans, il faut donc faire évoluer les choses, d’où cette idée d’égalité entre les hommes et les femmes. Je rentre un peu plus dans les détails mais quand on est en centre de formation et qu’on entend parler d’obligation d’avoir un centre de formation quand tu montes et interdiction d’en avoir un à partir du moment où on n’est plus en Ligue Féminine, c’est pour moi une injustice totale et il faut absolument que ça change pour que les clubs formateurs puissent avoir une reconnaissance par rapport à tout le travail qu’ils font et je peux d’ailleurs en citer plusieurs comme Voiron, Limoges qui sont en Nationale 1, Toulouse qui est en Ligue 2, Angers qui vient de monter mais qui a eu vraiment du mal pendant 3 ans. Je pense qu’il faut vraiment donner toutes les cartes en mains à ces clubs qui, comme le nôtre, misent sur la formation et puissent faire vraiment les choses correctement et à la fin, il n’y aura qu’un seul gagnant : c’est le basket français !

On a donc créé une page Facebook pour défendre cette cause et je peux vous dire qu’à ce jour, on a tellement de gens qui nous soutiennent, ça montre qu’ils y sont très sensibles. Après, c’est vrai que Mondeville, c’est connu mais on veut surtout défendre cette cause pour le bien et pour le futur de toute la formation française et pas uniquement à Mondeville. Je vous invite donc à jeter un œil à cette page pour apporter votre soutien.

 

On imagine que, pour toi comme pour l’ensemble des dirigeants et des joueuses du centre de formation de l’USOM, c’est la douche froide. Dans quel état d’esprit êtes-vous ? Abattus ? Résignés ou toujours motivés à faire entendre raison aux instances fédérales ?

La douche froide, c’était juste au début. Ensuite, on commence à réfléchir et on se dit « ce n’est pas possible ! » parce que, selon moi, ce qui arrive est injuste parce qu’on connait les textes, on sait les respecter mais on ne va pas laisser le COVID-19 décider. Je suis très très motivée, on reçoit plein de soutiens de partout. Par rapport aux recours dont j’ai parlé précédemment, je peux dire que le Département, la Région et la Ville sont derrière nous. Je suis donc très confiante et je pense que l’on va avoir des réponses positives suite à nos recours.

Moi, mon but premier, c’est vraiment d’essayer de faire évoluer les choses et ça sera notre plus grande victoire. Là, on est conscients de ce qu’on est en train de vivre et des conséquences de cette crise et c’est vraiment le moment de changer les choses. Mon rêve, c’est d’avoir un championnat espoir pour les filles, d’avoir un centre agréé autorisé en Ligue Féminine et en Ligue 2. Quand on dépose un dossier U18 France et U15 France, il y a plein de critères qui rentrent en ligne de compte et il faut attendre la validation du dossier en question. Je ne vois donc pas pourquoi une demande d’agrément ne peut pas se faire de la même façon. En Ligue 2 et même en NF1 (Limoges et Voiron en sont de parfaits exemples !), toutes les équipes qui en ont l’envie et les moyens doivent avoir la possibilité d’avoir un centre de formation parce que, par exemple, la Ligue 2 est plus intéressante pour les jeunes joueuses que ne l’est la Ligue Féminine. Si je prends l’exemple de Mondeville, notre équipe de Ligue 2 est composée de 7 joueuses issues de notre centre de formation. Cette année, 80% des filles qui sortent de l’INSEP vont en Ligue 2. Pourquoi ? Parce qu’elles auront du temps de jeu ! Quel est le meilleur projet pour une jeune joueuse ? D’avoir 16-17 ans et d’avoir 20 minutes de jeu en Ligue 2 ou de cirer le banc en Ligue Féminine ? Et surtout, l’existence d’un centre de formation ne doit pas être conditionnée par les résultats de l’équipe première. Je pense que c’est totalement incohérent et le cas de Mondeville en est un exemple parfait : les 2 choses doivent être distinctes.

 

Dans le pire des cas, si rien ne changeait, sais-tu déjà si tes joueuses ont l’intention de rester ou de partir vers d’autres clubs ?

Ce qui est sûr, c’est que toutes les filles resteront, on n’aura aucun départ et avons d’ailleurs un soutien sans faille des joueuses et de leurs parents. Ces derniers ont envoyé un courrier au Ministère de la Jeunesse et des Sports, au Ministère de l’Education et à la Rectrice de l’Académie Régionale, qui gère le recours concernant l’agrément. Je suis très optimiste par nature et je suis persuadée que là, les choses vont très bien se terminer. J’ai toujours eu confiance dans le fait de prendre les bonnes décisions et je rappelle encore qu’il y a 2 ans, quand la Fédération a décidé de nous octroyer une dérogation de 2 ans, c’était vraiment dans l’intérêt de la formation. Je sais qu’aujourd’hui, les gens vont être sensibles par rapport à tout ce qui se passe parce que là on parle vraiment de l’avenir des jeunes filles qui ont vécu une période très très difficile et qui ne doivent pas être pénalisées par un texte qui n’est pas du tout pertinent dans l’actualité. Je suis persuadée que la Fédération est très sensible concernant la formation. En Ligue Féminine, il y a des anciennes joueuses de haut niveau qui sont dans les instances. Je pense notamment à Yannick SOUVRE, Carole FORCE ou Cathy MELAIN, qui ont toutes été professionnelles. Là, c’est juste une question de bienveillance, une question d’ajustement et dans un but de penser aux prochaines générations car on parle là de futures potentielles joueuses de l’équipe de France. Paris 2024 arrive à grands pas ! On a des gamines qui sont allées dans les équipes de France de jeunes cette été et qui le seront encore l’année prochaine alors qu’elles seront rétrogradées en Nationale 3.

 

A titre personnel, comment vis-tu cette période compliquée ? Comment vois-tu l’avenir ?

Quand des choses comme ça arrivent, il y a 2 façons de les aborder. Tu te dis « c’est trop dur, il y a trop de problèmes » et tu te prends la tête. Ou alors tu te dis que ce n’est pas grave, c’est une autre épreuve de la vie et c’est comme ça qu’on avance. Et moi, je fais partie de ce deuxième groupe de personnes. Il faut juste y croire ! Moi, j’y crois à fond. J’ai mes convictions. La formation des joueuses, c’est ma passion et je suis très confiante, tout comme le club l’est. On va désormais voir comment ça va se dérouler mais peu importe ce qui se passe : Mondeville restera Mondeville !

Un commentaire

  1. Bonjour,
    Il me semble que Toulouse en LF2 depuis longtemps possède un centre de formation en NF2

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