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Rachid MEZIANE s’est confié sur son expérience Outre-Atlantique vécue en 2025 © Connecticut Sun

 

Rachid, toute la rédaction de Postup.fr vous salue et vous remercie de nous accorder cette interview ! Nous sommes ravis de pouvoir échanger avec vous après une année 2025 qui a été riche ! Pour rappel, vous aviez signé, en décembre dernier, un contrat sur plusieurs saisons avec la franchise WNBA du Connecticut Sun.

Merci à vous pour l’invitation, c’est toujours un plaisir d’échanger avec un média qui suit de près le basket féminin. Effectivement, cette année 2025 a été particulièrement intense, riche en enseignements, et surtout très formatrice sur le plan personnel comme professionnel.

Quel est votre sentiment après cette saison WNBA 2025 terminée ? Les Finales sont toujours en cours avec Las Vegas qui semble bien parti pour rempoter la mise, même si rien n’est encore acté. Suivez-vous ces Finales et avez-vous un oeil avisé sur le scénario à venir ? (interview réalisée entre les matchs 2 & 3 de la Série)

J’ai bien évidemment suivi les Finales, comme tout passionné de basket ! C’était le moment fort de la saison. Même si les Finales WNBA réservent souvent des surprises, Las Vegas, c’est une machine bien huilée, avec de la continuité dans le staff, dans le roster, et une culture de la gagne. Leur domination a, à partir de mi-juillet, été impressionnante.

La campagne de saison régulière 2025 a donné lieu à 44 matchs disputés par franchise, (un sacré marathon) selon vous, la cadence n’est-elle pas arrivée à une limite pour les joueuses ? Les effectifs sont-ils assez larges ?

C’est une très bonne question. 44 matchs, c’est effectivement beaucoup, surtout sur une période aussi condensée. Il faut savoir que les déplacements, même dans de bonnes conditions, restent très longs aux Etats-Unis, et que la récupération devient un enjeu crucial. Les effectifs ne sont pas toujours taillés pour absorber un tel rythme, surtout quand les blessures viennent s’inviter. Il y a un vrai équilibré à trouver entre la performance et la santé des joueuses. Je sais que certaines réflexions sont menées pour élargir les effectifs. J’ai le souvenir de m’être dit qu’après deux mois de compétition ici, que nous avions joué l’équivalent de la saison régulière de la Boulangère Wonderligue, dingue.

En plus, deux nouvelles franchises vont rejoindre la WNBA dès 2026, (Toronto et Portland) avez-vous une idée sur le nombre de matchs disputés par franchise sur la saison prochaine ?

On attend encore les décisions officielles de la ligue, mais il y a des discussions sur une éventuelle extension du calendrier. Rien n’est acté, mais ce qui est sûr, c’est que l’arrivée de nouvelles franchises est une excellente nouvelle pour le développement du basket féminin. Cela va créer plus d’opportunités pour les joueuses, mais aussi de nouveaux challenges pour les staffs.

Avec un bilan de 25 % de victoires, la franchise a clairement entamé une phase de reconstruction avec plus de temps de jeu laissé aux jeunes joueuses, bien cadrées par des joueuses d’expérience comme Tina CHARLES et Bria HARTLEY notamment. Au global, comment votre groupe a-t-il vécu cette saison ? Cela a dû être forcément spécial, car les défaites ont été nombreuses, même si dans le jeu ce que Connecticut a proposé a été globalement cohérent et une progression au fil des matchs s’est même faite sentir, en particulier sur l’aspect défensif.

C’est toujours difficile de vivre une saison avec peu de victoires, surtout pour une franchise comme Connecticut qui a été très compétitive ces dernières années. Mais nous savions en amont que ce serait une année de transition dans ce projet de re construction. On a misé sur la responsabilisation de nos jeunes joueuses et malgré une 1ere partie de saison difficile, il y a eu une vraie progression lors de la 2eme phase, des résultats bien meilleurs et une cohésion. Avec la direction, nous trouvons que les progrès ont été visibles.

La « free agency » 2026, que beaucoup de médias et d’observateurs annonce historique, avec la renégociation du CBA en cours, cette intersaison sera-t-elle déterminante pour le Connecticut Sun ? Influera-t-elle votre stratégie sur la prochaine saison ?

C’est une intersaison clé, c’est vrai. Le nouveau CBA pourrait changer certaines dynamiques salariales, contractuelles, et même de structure d’effectifs. Pour nous, c’est une opportunité de poser les bases du projet à moyen et long terme. Nous travaillons étroitement avec Morgan (Tuck) pour bâtir une équipe compétitive et cohérente, en misant sur un mélange de jeunesse et d’expérience.

Avez-vous quelques garanties à ce jour sur l’effectif futur dont vous disposerez ? Quelle relation entretenez-vous avec votre General Manager, Morgan TUCK ?

Avec Morgan, la communication est excellente. Elle connaît parfaitement la WNBA, elle a une vision claire et une vraie écoute. On travaille main dans la main. Concernant l’effectif, peu de garanties dans cette ligue où tout va très vite, mais nous avons identifié nos priorités. Le recrutement sera stratégique.

Quels sont les aspects que vous avez apprécié voir aux États-Unis par rapport au basket féminin en Europe ? Comment sont les fans à Uncasville ? Avez-vous un souvenir particulier sur ce sujet ?

Ce qui frappe dans la WNBA, et que j’apprécie particulièrement, c’est la forte médiatisation dont bénéficie désormais la ligue, l’engagement exceptionnel des fans, ainsi que la professionnalisation qui s’observe à tous les niveaux, que ce soit dans la gestion des équipes, la communication, ou les structures d’accueil. Cette évolution témoigne d’une reconnaissance croissante du sport féminin et d’une volonté claire de lui donner la place qu’il mérite sur la scène mondiale. À Uncasville, les fans sont incroyablement fidèles et passionnés. Même lors des saisons plus difficiles, ils sont là, ils encouragent. Un souvenir marquant ? Le match d’ouverture à domicile : la salle pleine, l’émotion, la fierté… c’est un moment que je n’oublierai pas. Ça devenait concret.

En tant que coach français, aviez-vous une quelconque appréhension avant l’attaque de la saison ?

Forcément. C’est une autre culture, un autre championnat, une autre façon de travailler. Mais j’ai abordé cela avec humilité et beaucoup de curiosité. J’ai eu la chance d’être bien entouré. Et puis, au final, le basket reste le basket. Les valeurs de travail, de rigueur et d’écoute sont universelles.

Par rapport aux coachings staff en Europe, il y a beaucoup plus de monde qui gravite autour de l’équipe. Comment avez-vous vécu cela ? 

C’est un vrai changement, oui. Ici, chaque détail est analysé, optimisé. On a un staff médical, un staff vidéo, un staff de développement individuel, une nutritionniste… Cela permet d’aller plus loin dans la préparation, mais cela demande aussi une gestion humaine différente. C’est un vrai travail de coordination.

Dans votre effectif, vous avez pu observer les débuts en WNBA de Leïla LACAN, un mot sur sa saison ?

Leïla a beaucoup appris cette saison. Elle a montré des choses très intéressantes, a eu un impact des 2 côtés du terrain. Elle s’est ’adaptée très rapidement.
Leila a prouvé que son potentiel est réel. Ce qu’elle vit ici va l’enrichir énormément pour la suite de sa carrière.

Avez-vous pu suivre l’Eurobasket cet été ? En tant qu’ancien sélectionneur des Belgian Cats, j’imagine que vous étiez heureux du résultat final.

Oui, j’ai suivi ça avec beaucoup d’émotion surtout qu’avec la plupart des joueuses et des membres du staff, nous sommes restés en contact et gardons des liens forts. J’ai été heureux de voir les Cats soulever le trophée. C’est une récompense pour des années de travail.

Un commentaire peut être sur les rumeurs insistantes comme quoi la franchise de Connecticut Sun va déménager ? Pouvez-vous nous confirmer que ce ne sera pas pour 2026 ?

Je comprends que ces rumeurs puissent inquiéter ou interpeller, mais à ce jour, rien ne nous indique un départ. La franchise est ancrée dans son territoire. Les propriétaires, la Mohegan Tribe, sont très engagés. Donc, pour l’instant, nous restons concentrés sur le sportif.

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