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Frédéric DUSART (Braine) : « Nous sommes dans une impasse »

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Le coach brainois explique la situation de son équipe © Thibaut LASSER

 

Alors que son équipe doit disputer ce mercredi la finale de championnat belge face à Namur en une seule manche, Frédéric DUSART, le coach de Braine, nous a expliqué la situation délicate sans précédent dans laquelle se trouvent les Castors à ce jour.

 

Ton équipe s’apprête à disputer dans 48 heures une nouvelle finale de championnat belge. Avant de disputer ce match, comment va ton équipe ?

A 48h du match, nous sommes dans une situation ubuesque puisque nous ne savons toujours pas si nous allons jouer, ni avec quelles joueuses nous pourrions jouer ! Nous nous sommes qualifiés il y a 10 jours pour la finale en jouant la demi-finale sans 3 joueuses, touchées par la Covid. Depuis, les entraînements avec contact nous ont été proscrits. De plus, deux autres nouveaux cas se sont révélés positifs. La Fédération a donc annulé les deux premiers matches de la finale pour tout jouer sur un seul match. 

La situation actuelle est la suivante : nous ne sommes plus que 5 joueuses et une jeune. Les autres joueuses sont encore positives et contagieuses. Nous n’avons pas fait d’entrainement collectif depuis 10 jours, ni de contact. Les seules séances consistaient à faire des tirs avec distanciation sociale. 

 

Dans ces conditions, crois-tu que cette rencontre puisse avoir lieu ?

Je ne suis pas et ne serai pas décisionnaire de ce choix de jouer ou pas.  Le club transmet les infos médicales à la Fédération et à 48h du match, personne ne décide. Les coaches et les filles sont salariés et respecteront les décisions prises. Le souci, c’est de savoir quand elles le seront et par qui. L’état mental et physique des joueuses est au plus bas. Dire que l’on est prêts à jouer ce match serait mentir.

Nous sommes en quelque sorte dans un confinement d’équipe, sans opposition depuis une semaine et demi, et on devra jouer le titre sans entrainement et amputé de la moitié des joueuses, quasiment sans rotation. Mais si nous devons jouer, nous jouerons et ferons le job jusqu’au bout. Les 5 filles restantes, la jeune espoir et les coaches joueront le jeu jusqu’au bout. Après, dans ces conditions, la qualité de notre match en sera affectée, bien entendu. Les filles ne sont pas des surhumaines. 

Il y a d’un côté l’aspect médiatique et protocolaire de la Fédération… et de l’autre côté, l’aspect sanitaire. Il est aussi à préciser que cette finale ou ces finales ne pouvaient pas être reportées car la Fédération se doit de stopper le championnat au maximum fin avril. Nous sommes donc dans une impasse. 

 

Imaginons qu’elle soit annulée, quel serait ton sentiment ? De la déception, de la fatalité ou un soulagement ?

Je garderai mon sentiment pour moi. Je souhaite juste qu’une décision soit prise. Même si pour moi, il est déjà trop tard pour prendre cette décision.  Il est impossible de préparer ma demi-équipe restante en 24h. 

Jouer un titre sur un seul match, avec 5 joueuses sans entraînement collectif, alors qu’on est invaincus en saison régulière, c’est frustrant. Cela nuit aussi à l’essence-même des playoffs et à l’image du basket. 

 

Qu’importe l’issue de la saison, quel est ton bilan de cet exercice 2020-2021 si particulier ?

Un bilan de fierté et de satisfaction, quoiqu’il arrive. Nous avons cette saison : on a perdu Ivana TIKVIC au bout de 5 jours, puis Migna TOURE en novembre. Enfin, il y a eu 2 mois et demi d’arrêt de la compétition d’octobre à mi-décembre 2020. Puis, maintenant ces cas Covid… alors qu’on était passés à côté toute la saison. Malgré ceci, nous sommes invaincus en championnat. Dans les paramètres que l’on pouvait contrôler, nous ne pouvions pas faire mieux. Ces expériences ont permis de construire un groupe de joueuses que je ne suis pas près d’oublier, humainement parlant. 

 

Il y a quelques semaines, tu as choisi de prolonger l’aventure brainoise jusqu’en 2025. Pourquoi ce choix ?

J’avais eu des offres en France qui ne se sont pas concrétisées pour diverses raisons. Puis, Braine m a montré toute sa confiance en me proposant un contrat de 4 ans, semblable à une des offres que j’avais. Le club est dans un changement total de philosophie.

La réalité financière fait qu’il n’est plus possible d’avoir 10, 11 12 pros comme les années précédentes. Le club s’oriente davantage vers la formation. Le projet pour lequel j’avais signé en 2019 avec l’Euroligue a donc été remplacé par un projet de développement des jeunes talents belges et étrangers. La saison prochaine, il y aura 7 à 8 joueuses pro ou semi pro et presque la moitié de l’équipe sera composée d’étudiantes à horaires aménagés. 

La ligue belge se développe en termes de niveau et la signature de certaines étrangères dans d’autres équipes en est la preuve. On sait aussi, avec la grosse fusion entre SKW et Malines, que Castors Braine ne sera plus la seule équipe à battre et n’aura plus forcément l’étiquette de favori. 

Former des jeunes dans davantage d’adversité et avec aussi l’expérience de l’Eurocoupe nécessitait du temps et c’est ce que le club m’a offert avec ce contrat long terme. Au-delà de ce changement de cap de la politique sportive, je me sens bien dans ce club. Je me sens respecté et apprécié. Ma seule hâte est de revoir le public revenir pour soutenir nos jeunes qui en auront bien besoin. 

 

5 commentaires

  1. Belles réponses, Fred !

  2. Toute la sagesse de Fred Dusart dans ses paroles

  3. Très bel article.
    Tout est dit.
    Courage pour la suite.

  4. réalités dans la situation périlleuse du club touché par ce satané covid

  5. Bravo Fred pour tout le travail que tu effectue et que tu effectuera aux Castors de Braine. Hâte de te revoir en France.

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