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Olga MAZNICHENKO (Orly) : « C’est vraiment une chance d’être ici »

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L’intérieure ukrainienne 

 

Il y a tout juste 8 mois, l’armée russe envahissait le territoire ukrainienne, provoquant des milliers de pertes humaines et de personnes contraintes à l’exil, et détruisant de nombreuses infrastructures. Aujourd’hui, Olga MAZNICHENKO, l’une des rares basketteuses ukrainiennes à évoluer en France a gentiment accepté de nous faire part de son témoignage, qui plus est dans un français parfait.

 

Toi qui es l’une des rares joueuses ukrainiennes à évoluer dans un championnat français, as-tu vécu l’annonce de l’invasion russe dans ton pays en étant si loin de ta famille quand c’est arrivé ?

Quand ça a commencé, j’étais à Sceaux. Je n’aurais jamais pensé que ça allait se produire. Tout le monde me demandait « alors qu’est-ce que tu en penses ? » et je répondais « mais non, on est en 2022 quand même, c’est impossible ! ». Mais c’est arrivé et j’étais vraiment très surprise. C’était vraiment la pire période de ma vie : je n’arrivais pas à dormir, manger, m’entraîner. J’étais vraiment concentrée sur la situation en Ukraine en pensant à mes amis et ma famille. Quand ils étaient cachés dans la cave, ils n’avaient pas de réseau. Tu les appelles et tu as zéro réponse ! A ce moment-là, tu imagines vraiment des choses très graves. Du coup, ma mère et mon frère ont déménagé directement en France grâce à une association grâce à une association dans la Loire (Olga a évolué à Montbrison avant de rejoindre Sceaux, ndlr). 

 

On sait que très vite, tu as voulu aider les populations qui étaient encore sur place. Peux-tu nous en dire davantage ?

Une fois qu’ils étaient installés en France, ma mère et mon frère ont décidé de partir à la frontière entre la Pologne et l’Ukraine pour récupérer des gens dans des bus. Je les ai rejoints là-bas ensuite, on a récupéré plein de gens que j’ai réussi à contacter et notamment des sportifs. Ensuite, j’étais soulagé et j’ai moi-même hébergé 2 enfants avec leur chien à Sceaux. Et quand mon contrat s’est fini en fin de saison dernière, je les ai aidés à aller chez leur grand-mère en Pologne et moi, je suis rentrée en Ukraine pendant un mois. J’ai retrouvé mon père et mes grands-mères. Ce n’était pas facile parce qu’on ne pouvait pas savoir si une bombe n’allait pas arriver sur nous ou à côté de nous d’un seul coup. Tous les jours, on entendait les sirènes pour nous prévenir de nous mettre à l’abri.

 

A ce moment-là, tu jouais à Sceaux. Est-ce que ces événements ont changé ton plan de carrière ?

Malgré ce qui se passait à ce moment-là et se passe encore aujourd’hui, je me suis dit qu’il fallait avancer et faire des projets dans la vie. On ne peut pas rester à pleurer tous les jours en se disant « oh la la, c’est la guerre » et trouver ça comme excuse.

 

Aujourd’hui, tu es donc à Orly et tu as repris des études dans un domaine assez loin du basket. Comment te sens-tu dans cette nouvelle vie ?

J’ai trouvé une équipe, Orly, et je considère que c’est vraiment une chance d’être ici. Je m’y sens trop bien ! Je suis vraiment heureuse ici, les gens sont très compréhensifs de la situation et m’ont donné la possibilité de reprendre des études sans me dire « non tu n’as pas le droit, tu vas juste jouer au basket ». Ils sont vraiment ravis que je puisse faire les deux en même temps : aller à l’école, faire des stages, tout en continuant à jouer au basket. Je suis vraiment appréciée et je voudrais d’ailleurs remercier les gens qui m’ont accueilli, c’est très important pour moi de ne pas faire que du basket mais aussi de penser à faire des projets d’avenir. Aujourd’hui, je dois reconnaître que ce n’est pas forcément facile, c’est un rythme différent à prendre. Je commence les cours à 8h30 jusqu’à 18h30. Ensuite, je rentre à la maison et j’ai une pause jusqu’à 20h30 où je pars à l’entraînement jusqu’à 22h30. C’est comme ça presque tous les jours. Je suis aussi en stage les jeudis et vendredis jusqu’à 19h30 et j’enchaîne encore avec l’entraînement. Le samedi il y a match à domicile où à l’extérieur (les poules de NF1 sont divisées cette saison par un découpage est-ouest, ndlr). Et souvent, le dimanche, je dors presque toute la journée pour récupérer ! (Rires) Ce week-end, j’ai profité qu’on n’avait pas de match pour sortir avec mes amis à Paris, c’était bien de faire autre chose que de penser au basket ou aux études. Parfois, j’ai ma famille qui vient ici ou alors c’est moi qui vais là-bas. C’est dommage qu’on ne puisse pas se voir très souvent parce que c’est un peu loin mais c’est déjà bien qu’ils soient en sécurité !

Tu fais des projets dans la vie mais tu ne sais jamais ce que le futur te réserve. Maintenant, je me dis surtout qu’il faut profiter de la vie. Avec la guerre, j’ai compris qu’on n’avait qu’une vie et il faut en profiter pour ne rien regretter parce qu’on ne sait jamais qui peut arriver. Du coup, il faut faire les choses à fond, un maximum d’activités en famille, avec des amis. Faites tout ce qui vous donne du plaisir ! C’est aussi pour ça que j’ai décidé de faire des études de cosmétologie parce que ça m’intéresse depuis longtemps et je prends vraiment plaisir dans ce domaine. C’est très différent du basket mais j’adore et j’espère en faire mon métier.

 

Sportivement, ton équipe avait bien démarré la saison mais c’est un peu plus compliqué actuellement. D’après toi, qu’est-ce qui vous manque pour que les choses évoluent dans le bon sens ?

Il y a beaucoup de jeunes joueuses dans notre équipe. Là, on vient de recruter une joueuse sénégalaise sur le poste 5, on continue encore à se renforcer. On n’est pas mal, on a bien commencé mais ensuite on a perdu bêtement des matches qu’on pouvait vraiment gagner. Pour autant, on travaille beaucoup, on discute beaucoup. J’espère que pour les prochains matches, on sera en forme et qu’on montrera notre vrai visage pour encore en gagner d’autres. En tout cas moi, je vais faire tout mon possible pour gagner. Je suis là pour apporter mon expérience, être là pour mon équipe. Je veux vraiment prendre du bon temps avec eux, j’aime vraiment l’ambiance du groupe et avec les coaches. On a un coach mental, un assistant vidéo, ça se passe bien aussi avec Loïc (CALVEZ, le coach principal). On a beaucoup de personnes autour de nous. Ainsi, le matin, on peut travailler individuellement et le soir collectivement. Je suis donc vraiment contente d’être ici !

 

La rédaction de Postup.fr tient à remercier très sincèrement Olga et tient, à l’occasion de cette interview, à apporter son soutien indéfectible aux populations ukrainiennes dans ce conflit, qu’elles soient restées sur place ou qu’elles aient pu rejoindre d’autres pays.

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